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Témoignage "la volonté de tous nous en sortir"

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Agriculteur, conseiller à la Chambre, président cantonal des JA, Thomas Lépine est particulièrement engagé. Il croit en l’avenir du monde agricole pour lequel il se bat.

sI certains jeunes hésitent à s’engager, cherchent leur voie, ce n’est pas le cas de Thomas Lépine. A peine âgé de 24 ans, le gamin de Panassac tient un agenda millimétré. « Je ne m’ennuie pas, sourit-il. Mes diverses activités occupent bien mes journées. » Jugez plutôt. Thomas travaille avec sa maman sur la propriété familiale. Une exploitation de quelque 112 hectares dont cinquante sont consacrés à l’élevage : 70 Blondes d’aquitaine. Le reste permet de produire du maïs banc pour nourrir les animaux. Car tous les hivers, ils gavent aussi 800 canards qu’ils découpent sur place et commercialisent en vente directe. « Je ne suis pas encore installé » explique Thomas dont le cursus scolaire est assez classique : Bac technologique STAV à Beaulieu puis BTS production animale et une licence valorisation des produits du terroir à Montardon. « Tout gamin je rêvais que d’une chose, reprendre la ferme de la famille, avoue-t-il. D’ailleurs, dès le collège, j’ai exprimé cette volonté. » « Ma mère, qui a passé plus de quarante ans à trimer sur l’exploitation, sans aucun jour de repos, ne m’a jamais incité à poursuivre dans cette voie. Bien au contraire. Mais la passion est plus forte et je n’imaginais pas faire autre chose, poursuit Thomas. Le papa, « qui a toujours eu plusieurs activités », est désormais à la retraite et donne des coups de main sur l’exploitation. « Lui non plus ne m’a pas poussé vers l’agriculture ! » Il en aurait fallu davantage pour décourager Thomas. Les vaches, la terre, elles sont toute sa vie. Un attachement doublé d’un désir de s’investir pour les autres. Cela se traduit tout d’abord par une implication syndicale. En 2021, du haut de ses 21 ans, il rejoint l’’équipe des Jeunes Agriculteurs (JA) du canton de Panassac.

Depuis quelques jours, il est devenu le responsable cantonal des JA.

Et ce n’est pas tout. Il y a quelques mois, la Chambre d’agriculture décide de créer un nouveau service en ouvrant un poste de conseiller en transformation fermière et mise en marché des produits agricoles. Un poste à plein temps que décroche Thomas. « C’est un boulot passionnant, éclaire-t-il. Il consiste à accompagner ceux qui souhaite se lancer dans un projet de transformation. Je les aide à réfléchir  sur la faisabilité du projet et à concevoir un atelier, dans les démarches administratives, dans la mise
en marché. » Un vrai travail de coach en direction de ceux qui franchissent le pas de la transformation fermière. Thomas s’éclate. Comme dans tout ce qu’il entreprend. Le soir, après sa mission de conseiller et avant une réunion avec les copains JA, il se glisse dans son bleu de travail et s’occupe des vaches. « Avec toujours un immense plaisir. J’ai l’impression de revenir à la vraie vie, de me ressourcer. Les journées sont longues, mais nous réfléchissons, en famille, à une autre organisation, qui pourrait passer par
moins de vaches (50 au lieu de 70) en conservant une autonomie alimentaire pour nos vaches et canards. » A ces occupations habituelles, il faut ajouter les « mouvements agricoles » de ces dernières semaines auxquels Thomas a pris une part très active. « Après l’appel de Jérôme Bayle à Carbone, nous nous sommes organisés avec les JA de Panassac. Nous avions préalablement retourné les panneaux des communes, puis nous sommes allés sur des barrages autour de Lannemezan avec nos collègues des Hautes-Pyrénées. » Si les barrages ont disparu, la mobilisation demeure pour Thomas et les JA. « Nos actions prennent de nouvelles formes. Nous organisons des opérations escargots, des contrôles de camion qui traversent le Gers, ou encore des prélèvements d’échantillons de produits dans les grandes surfaces. » De cette mobilisation très importante, Thomas tire quelques analyses. « Le Salon de l’agriculture est une date butoir pour le gouvernement. D’ici là, nous devons avoir des réponses complémentaires. Mais si nous ne sommes pas satisfaits, nous poursuivrons nos actions. » Depuis les annonces du Premier ministre « nous nous sommes souvent réunis avec les JA, dévoile Thomas. Pour analyser les annonces mais aussi les décoder et les expliquer à tous les agriculteurs. Il est important de leur dire comment les choses pourraient se passer. » « L’avenir nous fait un peu peur mais nous voulons vivre de notre passion. Nous avons la volonté de nous en sortir. Cela vaut le coup de se battre » Comme leurs aînés, Thomas et ses copains JA pointent « un manque de reconnaissance », un « salaire insuffisant », « des aléas climatiques défavorables », des « aides qui évolue t et se compliquent », « une PAC remise en question », ou encore « toujours plus de normes imposées ». Pour autant, et même si « l’avenir nous fait un peu peur, nous voulons vivre de notre passion. Nous avons la volonté de nous en sortir. Cela vaut le coup de se battre », assène Thomas. « Il faut se battre car nous sommes convaincus que nous pouvons être heureux dans ce métier ».

Le responsable des JA insiste aussi sur « le lien de solidarité entre les jeunes syndiqués. Pour se défendre, pour aller porter nos revendications jusqu’à Paris, il faut compter sur nos syndicats. C’est ensemble que nous irons plus loin. » « Alors oui nos parents en ont bavé. Oui notre génération souhaite travailler mieux, travailler un peu moins pour profiter de congés. Mais tout cela est possible. Notre génération doit être celle qui réussira tous ces changements et poursuivra l’aventure et qui poursuivra cette  passion. » Loin de baisser les bras, et parce qu’il croit en l’avenir et en celui de l’agriculture, Thomas invite les jeunes intéressés par le monde paysan à « faire des études et à aller voir ailleurs ce qui se fait. C’est la chance que j’ai eu dans le cadre de ma formation
en alternance. C’est essentiel de s’ouvrir aux autres, on en ressort toujours grandi. »

Crédit photo : Thomas Lepine