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Orane, agricultrice engagée

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Découvrez le portrait du mois paru dans le journal la Volonté Paysanne du 22 septembre

Du haut de ses vingt-six ans, la jeune Gersoise de Lombez vit avec passion l’exploitation familiale qu’elle vient de reprendre à son compte.

La bonne humeur est sa signature. Orane Desangles l’avoue sans badiner : « dès le réveil je suis heureuse à l’idée de la journée de travail qui m’attend. » La jeune agricultrice est épanouie et ne le cache pas.

Pourtant, ce chemin n’est pas forcément celui qu’elle imaginait lorsque, adolescente, elle regardait l’avenir et grandissait sur la terre de ses arrière-grands-parents. « D’ailleurs, j’ai suivi un parcours scientifique au lycée de Mirande, avant de poursuivre avec une licence Bio à l’université Paul Sabatier à Toulouse, précise-t-elle. »

La jeune étudiante s’offre aussi une année en Norvège, dans le cadre du programme Erasmus. « Une magnifique expérience et l’occasion de parfaire la langue anglaise. » A cette époque, la Gersoise rêvait d’un boulot de vétérinaire ou « d’une activité proche des animaux ».

C’est pourtant lors de ce séjour dans le nord de l’Europe, qu’Orane commence à imaginer un retour sur la propriété familiale. « Certes, j’avais en mémoire les longues journées de travail de mon père, une existence essentiellement organisée autour de son travail et une vie familiale forcément impactée. Après une longue réflexion, j’ai compris que prendre la suite de papa n’était pas une mauvaise idée. »

Elle imagine alors une formation d’ingénieur agro. Mais les circonstances de la vie chamboulent quelque peu son projet. Des soucis de santé de son père l’incitent à revenir plus tôt sur la propriété, à se former à la gestion (en passant un BTS ACSE (analyse et conduite des systèmes d’exploitation) et, finalement, à s’installer.

Deux années aux côtés du paternel pour une passation en douceur, et Orane prend les rênes de la propriété. Elle devient la cinquième génération de la famille à gérer les terres lombéziennes.

« J’avais très envie de me détacher des filières longues et de proposer un produit que je pourrai vendre à la ferme »

Une propriété de quelque 137 hectares, dont une centaine irrigable, sur laquelle la famille Desangles produit du blé tendre et du blé dur, du soja alimentaire, du tournesol ou encore du maïs. Sans oublier « un petit élevage de bovins viandes pour perpétuer la tradition familiale, glisse Orane. A la maison, nous avons toujours eu des vaches en bord de Save. »

La jeune femme, avec son enthousiasme comme étendard, travaille seule. Même si papa réalise quelques heures « après la sieste », s’amuse Oriane. « Je reconnais que j’arrive un peu à la limite de l’exercice. C’est pourquoi j’ambitionne d’embaucher rapidement quelqu’un, d’autant que je suis sur le point de terminer l’installation d’un nouvel atelier ».

Un atelier de plus sur la propriété des Desangles. « Il s’agit de réaliser des pâtes à base de blé dur, dévoile la jeune productrice. J’avais très envie de me détacher des filières longues et de proposer un produit que je pourrai vendre à la ferme (elle prévoie déjà d’accueillir les clients tous les vendredis soir) mais aussi dans les épiceries fines de la région. Depuis longtemps je rêvais de produire de la graine au produit fini. »

Ce rêve deviendra très vite réalité. Une histoire de quelques jours. Son laboratoire est sur le point d’être terminée et sa marque « Past’Aqui » est dans les starting-blocks.  

Ce nouvel atelier ajoute un surcroît de boulot à Orane qui n’en manquait pourtant pas. « C’est vrai que les journées sont particulièrement longues et que l’arrivée d’un salarié me soulagera. Disons que même si j’aime beaucoup mon travail j’espère que rapidement je pourrai m’épanouir, aussi, dans une vie familiale. »

« J’avoue que je m’étais jurée que je ne passerai pas ma vie avec un agriculteur, plaisante-t-elle. Mais bon… on ne choisit pas. »

Son compagnon, agriculteur comme elle, exploite un élevage à quelques dizaines de kilomètres de sa propriété, dans le département voisin de Haute-Garonne. « J’avoue que je m’étais jurée que je ne passerai pas ma vie avec un agriculteur, plaisante-t-elle. Mais bon… on ne choisit pas. Et puis c’est quand même sympa de pouvoir échanger de nos activités respectives et de se comprendre plus facilement. »

Combattante, la très jeune Orane porte un regard optimiste sur son métier et sur l’agriculture. « J’entends que des jeunes hésitent à s’installer ou à reprendre des exploitations. A tous, je veux témoigner que notre métier est passionnant. D’ailleurs, bien souvent, il faut que je me raisonne et que le soir je me décide à arrêter de travailler tellement je suis captivée parce que je fais. »

Dans le même état d’esprit, l’agricultrice invite les détracteurs du monde paysan « à venir voir comment nous travaillons plutôt qu’à se faire une opinion en regardant des vidéos plus ou moins malveillantes. Car je ne connais pas un agriculteur qui ne fait pas le maximum pour ne pas polluer sa terre, même celui qui n’est pas en culture bio. Je peux vous assurer que nous faisons le maximum pour protéger notre environnement. De la même façon, je ne connais pas un éleveur qui maltraite ses animaux. »

Quant au fait qu’elle soit jeune et femme en agriculture, là encore elle n’hésite pas à lancer un message : « Mais oui c’est possible, la preuve ! Que l’on soit dans le cadre d’une reprise familiale ou pas, une femme peut trouver toute sa place en agriculture. Si une jeune femme rêve d’embrasser ce métier, il faut qu’elle fonce. Même si elle risque de croiser quelques difficultés, le plaisir et la passion seront toujours plus forts. »

Dans quelques jours Orane accueillera à la ferme ses premiers clients venus acheter des pâtes issues 100% de sa production. L’aboutissement d’un projet longuement mûri et préparé.

Alors oui, Orane laisse filtrer une certaine impatience, une fierté aussi que son papa, qui vient de lui transmettre la propriété familiale, partage sans retenue.