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L'histoire gasconne des Bédouret

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Depuis plusieurs générations, sur leur domaine de Caude, à Montréal-du-Gers, les Bédouret écrivent une aventure vigneronne pas prête à s’arrêter. Rencontre

Dans une des communes les plus viticoles du Gers, les Bédouret n’ont pas eu vraiment le choix. Armand et Marie, comme tous les agriculteurs à l’époque (dans les années 60) étaient éleveurs, céréaliers et viticulteurs. Mais petit à petit, la vigne, sur ce terroir armagnacais, s’est imposée. En toute logique. A la fin des années 80, Jérôme Bédouret et son épouse Lydie reprennent la main. Avec en poche la volonté et l’enthousiasme de leurs jeunesse mais sans se départir du savoir-faire familial. Terminées les vaches laitières, place à un vignoble de plusieurs dizaines d’hectares. « A l’époque, se souvient Jérôme, j’ai eu la chance de côtoyer des personnes qui étaient particulièrement en pointe. Les familles Dufour et Dèche, pour ne citer qu’eux, qui ont cru dans le vin Côte de-Gascogne et lui ont fait gravir de nombreux échelons qualitatifs. On a compris dans les années 80 que nous étions capables de produire bien mieux que des vins de table. »

Avec de tels parrains, Jérôme se lance dans la réalisation de vins plus haut de gamme. Avec son épouse Lydie, ils participent à leurs premiers salons. Celui des vignerons indépendants, mais pas uniquement. « C’est d’ailleurs lors d’un salon  que notre entreprise a pris un virage important, éclaire Jérôme. Ce jour-là, nous avons rencontré un distributeur important qui a apprécié nos vins et a commencé à les commercialiser. Très vite, en Bretagne et à Paris notamment, il a placé nos vins dans plus de 480 restaurants. » Un beau tremplin pour le Domaine de Caude dont les blancs et rouges gascons ont commencé à être connus bien au-delà de la Garonne. A cette époque, la famille Bédouret est une des premières à se lancer dans des contenants que l’on ne nommait pas encore « bib », mais qui allaient connaitre aussi un joli succès. « Et d’ailleurs, grâce à ces bibs, nous avons vendu pas mal de bouteilles », se remémore avec un certain plaisir Jérôme. Sans faire de bruit, Caude s’est développé. Des 1 800 bouteilles vendues dans les premières années, les Bédouret sont passés à 180 000 cols ! Et depuis trois ans, Corentin, le fiston, a rejoint la vigne familiale. Même si son arrivée dans l’entreprise était prévisible,  Corentin a débarqué avec un joli bagage : un BTS viti-oeno et un stage dont le papa n’est pas peu fier. « Je ne voulais pas qu’il fasse comme moi, précise-t-il, mais avant qu’il ne s’installe, je l’ai invité à aller faire un stage dans un vignoble qui lui apporterait beaucoup. »

Ce vignoble, en biodynamie, c’est en Nouvelle-Zélande qu’il l’a trouvé. Et effectivement, il y a beaucoup appris. Fort de cette expérience dans l’hémisphère sud, Corentin a rejoint ses parents voilà trois ans. A une époque où les vins se vendaient bien. « Tous les voyants étaient au vert, ce qui a permis à Corentin d’acquérir vingt hectares supplémentaires, d’investir dans un nouveau pressoir, mais aussi de réaliser un bâtiment que nous réservons au stockage  et au conditionnement ». Corentin ne s’est pas contenté de développer le vignoble, il a poursuivi la démarche photovoltaïque initiée par ses parents douze ans plus tôt. « En effet, nous avons fait partie des précurseurs, admet Jérôme. Et nous avons compris tout l’intérêt d’une telle démarche. Dans le dossier d’installation de Corentin, cette solarisation du toit du nouveau bâtiment a beaucoup compté. » Au point qu’aujourd’hui le domaine est en autoconsommation. « C’est un plus indéniable, commente le papa. D’abord parce que nous sommes situés en fin de ligne de distribution électrique, ce qui nous posait pas mal de difficulté. Désormais nous avons une énergie suffisante qui ne nous impose plus de faire des choix dans les différentes utilisations liées à notre activité ». Une production d’électricité qui n’est pas négligeable,
non plus, dans l’équilibre économique de l’entreprise. Depuis que Corentin est installé, trois campagnes « grêle-gel-grêle » ont quelque peu sapé le moral des troupes, mais n’ont pas pour autant découragé les Bédouret qui continuent à regarder devant eux et nourrissent des projets.

Chacun des trois a trouvé sa place. Lydie se charge des démarches administratives, Jérôme est à sa place dans la production, tout comme Corentin qui s’adjuge aussi le travail du chai. Ensemble, ils regardent un avenir un peu capricieux mais avec beaucoup de sérénité. « Nous avions imaginé terminer notre démarche HVE, commente Jérôme, mais nous avons décidé de faire une pause. Les évolutions climatiques et tout ce qu’elles entraînent méritent sans doute d’observer davantage ces évolutions. »  Nul doute que chez les Bédouret l’histoire de Caude s’écrira encore au pluriel, sur cette terre montréalaise que l’on se transmet avec cette passion toute armagnacaise. Une évolution climatique qu’ils anticipent aussi côté production. Ils ont récemment planté le cépage floréal, particulièrement résistant au mildiou et « avec lequel on utilise beaucoup moins d’intrants ». Une démarche raisonnée tout autant que prospective.

Et, cela ne gâche rien, un cépage dont les premiers vins goûtés ont reçu un très bel accueil. Corentin, du haut de ses vingt-trois ans, apporte sa fougue et son ambition pour le vignoble familial et pour les vins du domaine qu’il rêve de voir progresser encore. Quant à Alix, la petite soeur, encore étudiante dans le domaine du commerce et du marketing, elle suit de très près l’évolution de l’entreprise familiale. Les parents Lydie et Jérôme ne font pas de mystère : « c’est vrai que l’on rêve qu’Alix nous rejoigne un jour, d’autant qu’elle nous apporterait beaucoup et qu’elle s’entend très bien avec son frère. » Nul doute que chez les Bédouret l’histoire de Caude s’écrira encore au pluriel, sur cette terre montréalaise que l’on se transmet avec cette passion toute armagnacaise.