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L’éleveur aux mille projets

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A Monferran-Savès, sur sa ferme du Choucou, Michel Touron élève des bovins. Avec son épouse Céline, ils commercialisent en direct, gèrent aussi un marché à la ferme, organisent des dîners spectacles…

Il est des personnes qui ne laissent pas indifférents. Michel Touron est de celles-là. Sa soixantième année bientôt bouclée, l’agriculteur gersois séduit tant pour son franc-parler que par sa capacité à imaginer quotidiennement un nouveau projet. Il est du pays. Sur cette terre familiale de Monferran-Savès, entre
L’Isle-Jourdain et Gimont. Son épouse est d’une ferme à côté, à Noilhan, à quelques kilomètres de là. Alors, ils ont décidé de regrouper leurs propriétés et de construire une seule activité. Un élevage de vaches, des Limousines et des Blondes d’Aquitaine, soit un total de 160 bêtes et 150 hectares de céréales, histoire de travailler en toute autonomie. L’aventure est née « à l’époque où les élevages disparaissaient les uns après les autres », s’empresse de raconter Michel. « D’ailleurs aujourd’hui, nous sommes quasiment le seul éleveur dans un océan de céréales. Beaucoup d’agriculteurs ont été attirés par les promesses faites aux céréaliers. Ils ont vendu les troupeaux, transformé l’étable en salle à manger, gagné du temps, travaillé moins dur. Le corollaire c’est qu’ils attendent les primes PAC et subissent les soubresauts des prix des céréales. Ce n’est pas mon truc. »


Son « truc », Michel le décrit très bien. « Il y a un peu plus de vingt ans, avec ma femme, nous avons pris l’option de la vente directe. Nous avons commencé par vendre un veau aux voisins, à la famille… Puis une vache. Petit à petit notre commerce s’est mis en place. Pas besoin de faire d’études pour cela. Vous savez, la vente à la ferme c’est une histoire de confiance entre le producteur et le consommateur. » « Les marchés du vendredi soir : on invite des producteurs qui ont le même état d’esprit que nous et qui proposent des produits complémentaires » Avec le concours d’un boucher d’une commune voisine qui met à disposition sa salle d’abattage, le business de la famille Touron se met tranquillement en place. Et se développe rapidement. Aujourd’hui, l’équivalent d’une vache par semaine et deux veaux par mois quittent la ferme en mode sous-vide. « Il faut dire que le potentiel est important, notre situation géographique est intéressante et les consommateurs, notamment depuis le Covid, ont pris conscience que l’on peut acheter des produits de qualité près de chez soi. »

En 2015, un maraîcher de Haute-Garonne invite les Touron à participer à un marché dans leur ferme. L’idée est reprise au bond par Michel. « En 2017 je réalisais un bâtiment capable d’accueillir du public, pour organiser un marché à la ferme tous les vendredis. Et ce marché existe toujours. On invite des producteurs qui ont le même état d’esprit que nous et qui proposent des produits complémentaires. Certains restent, d’autres pas. Et bien souvent c’est nous qui vendons pour eux. » Une offre très éclectique de viandes, fromages, yaourt, miel, vins…
Membre de Bienvenue à la ferme, Michel s’est dit qu’il pourrait décliner toute l’année les marchés de l’été souvent accompagnés de moments de dégustations. « Ainsi, tous les vendredis soir, nous proposons un plat chaud et ses légumes auquel les visiteurs ajoutent des produits achetés sur le marché. » Bingo
une fois de plus. La formule plaît. Organiser des dîners-spectacles à la Ferme du Choucou. Michel agrandit sa salle, créé une scène et des loges. Tous ne facilitent pas son projet mais qu’importe, il avance.
Un soir, quelques mois avant le confinement du Covid, un membre de la petite équipe lance à la cantonade : « vous avez vu cette ferme qui organise des soirées spectacles dans le Tarn ? » Ni une ni deux. Michel rétorque : « organisez-vous, on va aller voir ce qu’ils proposent. » Les Touron et leur équipe sont séduits. Ils se lancent dans ce nouveau projet : organiser des dîners-spectacles à la Ferme du Choucou.

Michel agrandit sa salle, créé une scène et des loges. Tous  e facilitent pas son projet mais qu’importe, il avance. Un premier réveillon-spectacle, une soirée brésilienne… la sauce prend. Mais le Covid est le plus fort. Il en faudrait plus pour décourager Michel et sa troupe. Il met le projet en sommeil. Jusqu’à la visite d’une cliente qui s’étonne d’une telle salle dans sa ferme. Elle connait une artiste à Toulouse qui serait intéressée. La machine se remet en route. Michel, son équipe et l’artiste se rencontrent, deux mois plus tard le spectacle est sur les rails. Des danseuses, une chanteuse, des magiciens. La salle de 80 places joue souvent à guichets fermés. Dans la famille Touron, Robin, le petit dernier âgé de 20 ans et encore étudiant, « nous prend pour des fous », s’amuse Michel. Son frère ainé, Clément, 25 ans, diplôme d’ingénieur agro décroché à l’école de Purpan, est toujours partant. Quant à Céline l’épouse et mère, « elle écoute mes idées, on en parle », et très souvent « Nous, nous ne sortons pas, nous n’avons pas le temps. Mais nous faisons venir les gens chez nous, et cela nous fait du bien. C’est comme cela que nous voyageons. »
« Des jeunes » est venue l’idée la plus récente. Celle de participer au concours de la plus belle ferme de France organisé par le cofarming tour. « Une équipe est venue tourner chez nous, nous étions sept candidats pour l’Occitanie, nous avons terminé premier. Il faut dire que nous avons su mobiliser nos centaines de fidèles sur les réseaux pour voter, s’amuse l’éleveur. En finale, à Paris lors du Salon de l’agriculture, nous sommes montés sur la troisième marche du podium. » « Tout cela est sympa, relative Michel Touron, mais n’oublions pas nos racines, le socle de notre activité. A savoir que nous sommes éleveurs et que nous avons fait l’immense pari de la vente directe. Cela s’est traduit par des sacrifices. Nous, nous ne sortons pas, nous n’avons pas le temps. Mais nous faisons venir les gens chez nous, et cela nous fait du bien. C’est comme cela que nous voyageons. » Une aventure atypique mais couronnée de succès et un avenir plein de projets. Evidemment.