Dégâts aux semis, comment protéger ses cultures ?

credit photo : canva
Comment protéger ses cultures?
- L’effarouchement
L’effarouchement des populations d’oiseaux est un moyen de protéger les cultures même s’il montre toutefois certaines limites. En effet, les oiseaux ont un comportement imprévisible, fréquentent un vaste territoire et ont la capacité de s’adapter rapidement. Pour maximiser les chances de réussites et éviter l’accoutumance des oiseaux, plusieurs précautions sont à prendre :
- Poser les effaroucheurs au bon moment : dès le semis pour les corvidés et lorsque les graines commencent à germer pour les colombidés ; déplacer régulièrement les effaroucheurs sur la parcelle ; modifier régulièrement (si possible) les effaroucheurs : modification des couleurs et des formes ; combiner les effaroucheurs : dispositifs sonores (canon à gaz, pyrotechnie … ) avec des effaroucheurs de types cerfs-volants ou ballons ; poser les effaroucheurs de manière stratégique pour les orienter en direction des haies et des forêts pour leur offrir une alimentation alternative.
Exemples d’effaroucheurs :
Les divers canons effaroucheurs (à gaz, électroniques ou solaires) ; le Ballon-épouvantail sur lequel des motifs réfléchissants représentent les yeux perçants d'un rapace; le cerf-volant d’une grande envergure qui prend la forme d'un rapace noir, avec un bec jaune ; la fusée qui tire une « balle à blanc » qui propulse une fusée détonante, sifflante ou crépitante ; les haut-parleurs qui émettent différents cris d'oiseaux en détresse ou de prédateurs ; le laser de jour comme de nuit qui éclaire à ras du sol pour empêcher les oiseaux de se poser.
Les trucs d'anciens : un animal mort pour effrayer les congénères. (Consiste à pendre dans les champs des oiseaux morts pour effaroucher leurs congénères.) Etc ...
Pour les dispositifs sonores : les dispositions de l’arrêté préfectoral de lutte contre le bruit du 31 décembre 2014 doivent être respectées.
Les bruits ne doivent pas être émis :
- depuis la voie publique ou des lieux accessibles au public.
- entre 22 heures et 7 heures (ce qui serait constitutif de tapage nocturne).
- en dehors des jours où les semis doivent être préservés.
Il est vivement conseillé de prévenir la mairie de la (ou des) commune(s) concernée(s), afin que le maire puisse répondre à d’éventuelles interventions de riverains qui s’inquiéteraient de ces bruits. De même, lorsque peu de riverains sont concernés, les prévenir peut éviter toute inquiétude et intervention.
L’usage du canon à carbure est soumis à une autorisation préalable du Maire de la commune concernée, dans les conditions prévues par l’arrêté du 31 décembre 2014 (article 12).
L’usage d’une arme de chasse comme autre dispositif sonore est possible, dans les conditions suivantes : seule une personne titulaire d’un permis de chasser peut procéder à l’effarouchement. ; l’ensemble des règles de sécurité relatives au transport des armes de chasse doivent être respectées ; les tirs doivent être effectués verticalement vers le haut. L’usage des chevrotines est interdit. En période de fermeture de la chasse, le tir en direction des oiseaux est constitutif d’un acte de chasse, et donc susceptible de verbalisation par les agents assermentés.
- La prédation naturelle par les rapaces :
On peut favoriser la prédation naturelle, notamment en attirant les rapaces. C’est une méthode durable dans le temps qui permet de maintenir un équilibre. Dans le Gers, on retrouve le plus souvent la buse variable, le faucon crécerelle, l’épervier d’Europe ou l’Autour des palombes, parmi les rapaces diurnes. Il existe des solutions simples et peu coûteuses pour attirer ces oiseaux prédateurs sur un secteur. Pour chasser, ces rapaces ont besoins de se percher en hauteur afin d’être à l’affût et repérer leurs proies.
Si le paysage est très simplifié avec peu de haies, de cimes d’arbres ou même de piquets de clôtures, il est possible de créer des perchoirs superficiels.
Voici quelques conseils pour la construction de perchoirs à rapaces :
Pour avoir la meilleure vue panoramique, les rapaces doivent être perchés le plus haut possible : le poteau (le plus souvent en bois) du perchoir doit au moins faire 2 m de haut (jusqu’à 3 m) ; il doit contenir une partie horizontale pour qu’un rapace puisse se percher, sans glisser ; bien le fixer : fixé dans le sol (à 40 ou 50 cm de profondeur) ou avec un système de trépied ; choisir le bon emplacement : loin des bordures de routes, dans une zone calme et « infestées » par les oiseaux déprédateurs ; multiplier les perchoirs et les disposer tous les 2 ou 3 ha.
- Les espèces susceptibles d'occasionner des dégâts (ESOD : anciennement nuisibles)
Lorsque les oiseaux sont classés ESOD ils peuvent être détruits ou piégés dans les conditions fixées par arrêté ministériel ou préfectoral.
La corneille noire, la pie bavarde peuvent être détruits à tir entre la date de clôture générale de la chasse et le 31 mars au plus tard. La période de destruction à tir peut être prolongée jusqu’au 31 juillet pour prévenir des dommages importants aux activités agricoles, sur autorisation individuelle délivrée par le préfet et dès lors qu’il n’existe aucune autre solution satisfaisante.
L’étourneau sansonnet, peut être détruit à tir entre la date de clôture générale de la chasse et le 31 mars au plus tard. La période de destruction à tir peut être prolongée jusqu’à la date d’ouverture générale de la chasse, sur autorisation individuelle délivrée par le préfet et dès lors qu’il n’existe aucune autre solution satisfaisante.
Ils peuvent être piégés toute l’année et en tout lieu sous certaines conditions.
La destruction des animaux classés susceptibles d’occasionner des dégâts peut être faite à l’aide de rapaces utilisés pour la chasse au vol sous certaines conditions. Arrêté du 3 juillet 2019
Le pigeon ramier (ou la palombe) peut être détruit dans les conditions fixées par l’Arrêté Préfectoral du 25 juillet 2022
Sa destruction est possible du 30 mars inclus au 30 juin 2023 inclus par le détenteur du droit de destruction ou son délégué, titulaire du permis de chasser validé pour l'année en cours, sur autorisation individuelle délivrée par le préfet, en absence d'autre solution satisfaisante et uniquement pour protéger les semis de cultures sensibles aux dégâts qu’il occasionnel. Les autorisations individuelles délivrées par le Préfet peuvent être demandée en prévision en amont des dégâts.
Pour les pigeons des villes (ou de clocher) et les pigeons domestiques (ou de colombier) :
Pigeon des villes : le Maire est compétent pour lutter, au titre de la police et de la salubrité publique, contre les nuisances liées aux proliférations de pigeons. En cas de problème avec les pigeons vivants en zone urbaine, il convient donc de contacter la mairie pour que soit envisagée une limitation des populations.
Pour le pigeon domestique : Il est assimilé à une espèce domestique sous la responsabilité de son propriétaire. S’il commet des dégâts chez un tiers, en particulier sur les parcelles agricoles, Il peut être détruit et ce toute l’année.
Sa destruction (à l’exception des pigeons voyageurs qui font l’objet d’une réglementation spécifique) est autorisée dans les conditions formulées par l’article L.211-5 du code rural. Il pourra être détruit uniquement sur le lieu et au moment des dégâts.
L’appropriation de l’animal tué n’est pas possible.
- Signalez vos dégâts lorsque vous observez la déprédation : une application digitale téléchargeable.
L’absence de dispositifs d’indemnisations des dégâts pour les espèces autres que les grands gibiers, affecte de très nombreuses exploitations agricoles.
Afin de maintenir ou conforter le classement des ESOD, ou de conforter des mesures de lutte efficaces, il est important de signaler les dégâts même s’ils ne sont pas indemnisables.
Le classement des ESOD tous les 3 ans par l’Etat se base sur des dégâts avérés. Aucune espèce n’est indésirable mais certains dégâts occasionnés par des espèces comme la pie bavarde, la corneille noire, le renard, le pigeon ramier, le sanglier, ... sont très dommageables et couteux.
Participer à la collecte des données factuelles permet de proposer des solutions et des mesures pour faire baisser la pression sur les exploitations.
Pour faciliter ces collectes les Chambres d’agriculture mettent à disposition des agriculteurs une application mobile et web permettant une saisie simplifiée des dégâts causés par la faune sauvage. Ces données réunies et géolocalisées par département permettront de mutualiser la recherche de solutions pratiques de lutte contre les dégâts.
L’application est téléchargeable gratuitement sur IOS et Android : gers.chambre-agriculture.fr/territoires/gestion-de-lespace/les-degats-de-gibier/. Les signalements peuvent également se faire en ligne (https://esod.chambres-agriculture.fr/signalement).
Elle permet donc de renseigner des informations sur le préjudice via une photo en direct du dommage ainsi que la localisation GPS. Cet outil qui est une avancée notoire, n’a pas valeur de déclaration. Tout dégât de grand gibier indemnisable devra se faire auprès de la FDC du Gers. L’application ne permettant pas dans un 1er temps de quantifier le montant des pertes.
Pour tous renseignements : Chambre d’Agriculture du Gers auprès de l’agence dont vous dépendez :
Agence AUCH-ASTARAC : 05 62 61 77 13 - Agence porte de Gascogne : 05 62 61 77 42 - Agence Armagnac-Adour : 05 62 61 77 60