Bienveillance pour nos retraités
"La revalorisation des retraites agricoles à 85 % du Smic sera appliquée le premier novembre prochain. Elle concerne des générations de paysans modernistes, qui ont travaillé sans compter au prix de lourds sacrifices, persuadées de faire le bon choix, celui de la terre plutôt que la facilité dans les métiers d’usine et de services. Ces générations d’agriculteurs ont fait oublier la faim et le manque chez nos concitoyens et amené notre pays sur les plus hautes marches des exportations de biens et services agricoles.
Ces agriculteurs, sans aucun doute, méritent cette revalorisation, tout comme les conjointes et aides familiaux pour lesquels la profession attend toujours des réponses. Mais où est donc passée la réforme des régimes spéciaux ? Ce projet salué comme une mesure d’équité entre citoyens sur les montants des retraites, les durées de cotisations et les années de carrières. Notre profession, longtemps sacrifiée sur l’autel des pensions, a tout à gagner de cette remise à plat. Car le mérite d’un citoyen en fin de carrière ne peut se mesurer au simple équilibre ou déséquilibre de son régime de retraites. Si réforme il y a, elle ne doit pas se contenter d’organiser des minima sociaux, elle doit porter l’ambition d’une équité et d’une juste reconnaissance de la pénibilité entre les métiers.
Quelques euros supplémentaires pour nos retraités agricoles ne nous font pas oublier les différences de services entre la vie urbaine et l’hyper ruralité. Un accès aux soins plus compliqué, une mobilité qui peine à se mettre en place ; autant de difficultés qui accentuent un isolement souvent subi. À ces conditions parfois d’inconfort viennent s’ajouter l’insécurité et les nombreux démarchages commerciaux abusifs ou d’arnaque, sur internet, dont nos seniors sont victimes. Ce regard bienveillant sur nos retraites doit s’accompagner d’une attention continue pour ces générations dont le sens du devoir est exemplaire."
Bernard MALABIRADE
Président de la Chambre d'agriculture du Gers
